influence des lumières sur la révolution américaine
Les progressistes Charles Beard, Carl Becker ou Vernon Parrington font honneur aux Lumières dans leur interprétation de la Révolution américaine, incarnation des idées réformatrices favorisant le progrès du genre humain. Ce numéro de la RFEA se propose d’en présenter un échantillon et rassemble des interprétations originales qui mettent en relation des champs a priori contradictoires, à savoir Lumières et évangélisme (Lucia Bergamasco), Lumières et romantisme (Marc Amfreville), idéalisme social des Lumières et société matérialiste (Allan Potofsky), histoire universelle et trajectoire individuelle d’un génie médiocre (Élise Marienstras) [10]. Or, si Burke est rétabli au sein des Lumières afin de servir la cause des Lumières américaines, c’est au détriment de John Locke. Lorsque je cherche un nouvel emploi, quand dois-je mentionner que je souhaite une semaine de travail de 4 jours? La problématique de la révolution atlantique réapparaît dans les 1990-2000. 1 Thomas Paine (1737-1809), républicain déiste, est l’un de ces hommes des Lumières qui ont le mieux illustré, par leurs écrits, par leurs engagements politiques et religieux, mais aussi par leur existence même, leurs déplacements géographiques et leurs activités, les révolutions transatlantiques du XVIII e siècle. En outre, pense-t-il, les historiens superposeraient leur propre connaissance des textes théoriques sur les acteurs de l’histoire révolutionnaire : le savoir littéraire et philosophique des historiens serait en décalage avec l’empirisme des acteurs. Il existe aujourd’hui toute une littérature (issue notamment de la droite chrétienne) cherchant à montrer que les Pères fondateurs, loin d’être déistes ou agnostiques, étaient profondément chrétiens. May en effet partage l’idée selon laquelle l’Amérique a « apprivoisé » les Lumières radicales venues d’Europe, idée qui conduit à limiter l’intérêt que l’historiographie pourrait éventuellement porter aux radicals en matière religieuse (French, 88, 104 ; May 1970, 207). Cependant, il met l’Europe et l’Amérique au cœur de sa réflexion et restreint son champ aux valeurs occidentales, ainsi qu’à la gent masculine et blanche. Les généraux européens qui ont participé à la guerre d'Indépendance auraient eu un rôle limité dans la diffusion des idées venues d'Amérique, parce que leurs contacts avec les Américains furent dans l'ensemble limités[23] (sauf pour La Fayette). Paine finit par mourir seul en 1809, après une longue maladie, à New York, dans un dénuement presque complet. En Angleterre, les whigs soutenaient les acquis de la révolution américaine, alors que les clercs et les conservateurs les condamnaient. 8 Cette date permet en outre d’inclure dans la période les mandats présidentiels de deux figures centrales des Lumières américaines, Thomas Jefferson et James Madison. Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire. Cette philosophie héritée de Newton et de Locke était commune aux deux rives de l’Atlantique et appartenait selon lui à l’air du temps (Becker 1922). S’ensuivent logiquement la naissance d’un nouvel individu, l’avènement d’une vraie liberté d’expression et d’une vraie liberté de conscience, la possibilité d’utiliser la raison sans contrainte, l’accès à l’éducation, la fin des injustices et de l’oppression des catégories exploitées ainsi que la paix internationale par le biais du commerce. Pour un homme tel que Paine, seuls l’usage bien compris de la raison et la révolution « active » pouvaient, en permettant l’épanouissement de l’individu rendu enfin à lui-même, assurer le progrès du genre humain et poser les conditions du bonheur individuel et collectif (Les droits de l’homme 266)2. Le désir de voir proclamer en France une constitution selon ce qu’il jugeait être de vrais principes républicains — espoir déçu, la Convention avait rétabli le suffrage censitaire —, la perspective de voir une révolution éclater en Angleterre — désir lui aussi contrarié —, mais également la présence de navires anglais au large des côtes françaises — il était toujours en état d’arrestation en Angleterre — l’avaient jusque-là empêché de regagner ce qu’il considérait être son pays d’adoption. 5 Hannah Arendt (1906-1975)[14] évoque l’exception américaine, seule révolution effectuée sans massacre et qui a réussi à protéger la propriété privée et les libertés individuelles[13]. La révolution américaine et particulièrement la rédaction de sa constitution vers 1787, ont été très influencées par les idées des philosophes des Lumières. La révolution américaine et ses conséquences politiques. Comment se nomment les habitants de la Grande-Bretagne ? Paris : Aubier, 1987. Il y eut néanmoins des violences entre loyalistes et insurgés : ceux qui étaient considérés comme traîtres étaient molestés, passés au goudron et aux plumes. Ce qui nous ramène aux Lumières et aux despotes éclairés. Les Lumières ont influencé la société dans les domaines de la politique, de la philosophie, de la religion et des arts. La Révolution américaine et la Révolution française étaient toutes deux basées sur les idéaux des Lumières. ….. Londres : Bloomsbury, 1995. Thomson, Ann. Dir. On peut attribuer au contexte religieux actuel, et plus précisément au débat sur les rapports entre l’État et les églises, la persistance de cette vision schématique des Pères fondateurs. Thomas Paine, citoyen du monde. La révolution américaine de la fin du XVIIIe siècle fit l'objet de nombreux débats et interprétations parmi les historiens américains, mais aussi européens. Elles confirment que les Lumières américaines ne sont en aucun cas un mouvement homogène. Tous droits réservés pour tous pays. Bailyn a donc en quelque sorte fait éclater le carcan trop rigide de l’interprétation d’une Révolution strictement héritée des Lumières, en proposant une lecture nouvelle de la culture politique et religieuse du xviiie (Bloch 1993). 5 H. Arendt, Essai sur la Révolution, M. Chrestien trad., Paris, Gallimard, 1967, p. 77. Les ouvrages d’Adrienne Koch et de Henry Steele Commager, écrits dans la lancée de l’histoire du consensus des années cinquante, en pleine Guerre froide, dépeignent des Lumières triomphantes [9] : 16 10 On trouve à la base de cette dénonciation deux paradigmes essentiels de l’œuvre de Boorstin : non seulement la croyance indéfectible en un exceptionnalisme américain, mais aussi le refus catégorique de l’abstraction historique qui tend à l’homogénéisation simplificatrice. Les nouvelles étaient lues et commentés, et en général la rébellion était perçue comme le combat de l'«esprit des Lumières» face à la «tyrannie britannique». Pour d’autres, le déisme, et plus généralement le rationalisme critique, n’ont pas encore reçu le traitement qu’il méritait (Turner 278 ; Butler 21). Il est, de ce point de vue, le symbole parfait des Lumières conquérantes. Dès les années 1950, avec la création de l'OTAN, les chercheurs considèrent déjà l'océan Atlantique comme une aire d’échanges culturels (Lumières), économiques (commerce triangulaire), politiques (républiques). En quelle année est né le prophète Mohammed? 21 Nancy : Presses universitaire de Nancy ; Paris : Ligue des Droits de l’Homme, 1991. La place limitée que l’historiographie américaine attribue à la dimension religieuse des Lumières fait problème, car elle conduit, soit à totalement évacuer la question, soit à schématiser jusqu’à produire des « affirmations extravagantes » (May 1976, xi). Après la parution du Siècle de la raison, Paine fut non seulement diabolisé par ses adversaires qui firent de lui un athée, mais également abandonné par ses proches sur lesquels son radicalisme militant faisait de l’ombre — notamment Thomas Jefferson, qui cependant ne renia pas son amitié pour cet auteur contesté. Depuis quelques années, les historiens et le grand public reviennent à l'étude des grands personnages de la révolution américaine, en particulier des plus conservateurs[17]. Pour ne prendre qu’un exemple, en mars 2001, le catalogue en ligne de la librairie, L’équivalent français, « Lumières », est également polysémique, mais cette polysémie n’est source d’aucune confusion car la métaphore renvoie nécessairement au. En décalage par rapport à son temps, Paine, provocateur, fut vilipendé, peu à peu marginalisé et finalement isolé. Il fit son possible — il comptait beaucoup sur Napoléon — pour qu’y éclate, cette fois-là, une véritable révolution, la révolution dite glorieuse de 1689 n’étant pour lui qu’une imposture. Une recherche bibliographique sur les Lumières américaines révèle quelques surprises au chercheur français [1]. Ce faisant, il opère un retournement et invite justement à reprendre le Grand Réveil et la Révolution américaine comme paradigmes centraux pour appréhender la participation des Américains aux Lumières (x-xi). Les Lumières françaises sont-elles identiques aux Lumières allemandes, anglaises, écossaises, italiennes ou américaines (Porter & Teich ; May 1970) ? Les nationalistes s'opposent à l'école impériale (Beer, Lawrence H. Gipson) qui insiste sur la mauvaise foi des colons et la légitimité anglaise en Amérique[6]. En 1776, Paine manifeste sa compassion pour le « malheureux Africain », mais il le fait dans une note (Conway 1 : 154). 12 L'« école du consensus » avec Gordon Wood remet en cause les mythes fondateurs du pays et s'interroge sur les causes de la révolution américaine dans les années 1960-1970[16]. La révolution américaine a produit une onde de choc dont les effets se sont fait sentir en Europe, la révolution française doit rejaillir sur l’Angleterre ou l’Allemagne : « Le fer est chaud dans toute l’Europe » écrit-il en 1792 (Les droits de l’homme 266, 144). Le seul ouvrage répondant de manière satisfaisante à la question des liens entre religion et Lumières reste aujourd’hui le livre de May, centré sur « the Enlightenment as religion » (1976, xiii ; Shea & Huff 8, 24). Ils créent la république des États-Unis en 1776. Francisco de Miranda (1750-1816), combattit les Anglais dans les 13 colonies avant de soulever les Vénézuéliens contre l'Espagne en 1806 et 1810. 30 mai 1778 - Mort de Voltaire, écrivain et philosophe français François Marie Arouet, dit Voltaire, était un écrivain et philosophe né en 1694 et mort le 30 mai 1778. Nathalie Caron et Naomi Wulf. La définition du mot « révolution » a nourri les discussions entre historiens, en particulier entre les Européens et les Américains. George Kantin et Ligue des Droits de l’homme. Mais il n’exprime pas pour autant une croyance infaillible dans les Lumières comme moteur de la démocratie et fait part d’un optimisme raisonné et d’un scepticisme relatif face aux dilemmes que pose ce système politique (Becker 1932). ….. « L’universel et le particulier chez Thomas Paine ». Burke, Edmund. Recommandé pour vous en fonction de ce qui est populaire • Avis La troisième question posée par la révolution américaine est celle de la périodisation. » Les chercheurs analysent notamment la Révolution comme produit de la philosophie morale écossaise (Wills) ou donnent une place nouvelle à l’histoire religieuse dans la Révolution. L'annonce de la révolution américaine ne reçut pas le même accueil selon les groupes sociaux et les pays. Partant d’une réflexion apparemment politique et tout à fait contemporaine sur le droit des femmes, Brown sème le doute, par le mode dialogique, sur les réponses claires et les certitudes qu’on pourrait s’attendre à y trouver et par conséquent jette un flou sur une pensée qui se veut scientifique et universelle. 22 Pour cet historien, c’est au rationalisme que la religion doit de ne pas avoir été façonnée par l’État dans la première moitié du xixe siècle (28). Toutefois, dans ces années, les espoirs de Paine portaient essentiellement sur la révolution religieuse qui selon lui était non seulement la conséquence logique de la révolution politique, mais dont il pensait aussi qu’elle pouvait rallumer la flamme de 1776. 17 À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'historiographie suit de près le réformisme social. Son originalité est de partir de l’expérience coloniale, comme le préconise d’ailleurs Boorstin, et de recenser un certain nombre d’usages antérieurs à l’institutionnalisation qui suivit la Révolution. Revue d’études américaines. La religion des Pères fondateurs a ainsi considérablement perdu de son importance au profit de l’évangélisme non conformiste, ce qui a conduit à un déséquilibre. Certains spécialistes de la religion ont toutefois souligné le rôle des Lumières dans l’idéologie révolutionnaire, notamment dans l’élaboration d’une religion civile. Perspectives comparatistes. Kerry Walters réitère cette confiance en déclarant : « [Deism] metamorphosed from the cautiously held conviction of a handful of intellectuals […] into a crackling popular movement as militant as it was vocal » (1990, 4). en réalité...et pour faire bref : il y a seulement la bourgeoisie qui, à la maturité sociale et veut en toucher les dividendes politiques d'où la. 19 Comme on l’a vu, Burke devrait selon Himmelfarb figurer au centre des Lumières, à la gloire des Révolutions modérées telle que la Révolution anglaise de 1689 ou la Révolution américaine. Pour l’un des biographes de Paine, Le sens commun devint rapidement « le document politique de la première phase de la révolution » et « fit jaillir un nouvel esprit — jeune et audacieux, obsédé par le neuf, désireux d’expérimenter en concrétisant ce qui jusqu’à présent était jugé impensable ou irréaliste » (Keane 110). Il ajoute que la Révolution américaine a tout aussi paradoxalement détourné l’attention portée aux Lumières. Aussi est-il inévitable d’en passer par sa biographie.5 On retracera donc d’abord la carrière de Thomas Paine. « Thomas Paine et l’éloge des révolutions », Passeurs de la littérature des États-Unis en France (1) / L’héritage de Michel Foucault aux États-Unis, City Ruins in American War Narratives / Women’s Sites of Struggles for Self-Determination. Dans le second chapitre, l’auteur considère d’ailleurs que « The Enlightenment in America is sometimes conveyed in a single phrase, the political right of self-determination realized » (22). Quelle ville du Canada, fondée en 1608, fut le berceau de la civilisation française en Amérique? Elle fut reprise par les historiens de la Nouvelle gauche dans les années 1960. New York : The Citadel Press, 1945. Voilà ce qu’il écrit en introduction à la deuxième partie : « Comme des révolutions ont commencé […], on peut normalement s’attendre à d’autres révolutions.. […] elles sont désormais un sujet universel de conversation et on peut dire d’elles qu’elles sont à l’ordre du jour […]. 65-79. Malgré des condamnations répétée de la traite des esclaves et de l’esclavage, il ne s’insurge jamais du fait que la constitution américaine, dont il fait l’éloge, pérennise l’esclavage. Harmondsworth : Penguin, 1968 (1963). Comment lâÃglise catholique réagit face aux bouleversements sociaux et économiques qui ébranlent la société québécoise dans la première moitié du 20e siècle, L'ONU réussit-elle à maintenir la paix dans le monde? ») sont organisés entre février et juillet 2002 par l’université d’Edimbourg. 178 p. 38 euros. Concernant les années révolutionnaires, à une époque où de toute façon la tendance était de minimiser le fait religieux dans la construction d’une idéologie nationale, Sydney Ahlstrom soulignait de façon caractéristique « l’apathie religieuse » de la période et présentait le « culte de la raison » comme le seul « mouvement religieux » ayant joui d’une vague de popularité et de grand prestige, tout en ne consacrant à ces propos que quelques paragraphes rassemblés en une brève sous-partie intitulée « The spread of religious rationalism » (379). Ces notions centrales ont été reprises et prolongées par toute une école historiographique dite « républicaniste », qui ne se réfère plus explicitement aux Lumières (Wood 1969 ; Pocock ; Rodgers ; Shalhope). Provocatrice et sans appel, cette critique n’a néanmoins pas été sans influence sur le développement de l’historiographie de la Révolution qui ne pouvait se contenter d’écarter ce point de vue, aussi idéologique fût-il. Lerat, Christian, « Réactions américaines à une onde de choc : The Age of Reason de Thomas Paine (1737-1809) ». Posté par Helper le 17/12/2019 Butler estime que d’autres caractéristiques doivent être réévaluées : « authority and coercion in religion, the wide range of popular belief and unbelief, and the now discredited rationalism, Deism, and skepticism linked to the eighteenth-century Enlightenment » (2). WebDans la querelle historiographique sur la Révolution américaine, bien que Locke occupe effectivement une place de pivot, puisque les historiens s’y inscrivent pour ou contre le rôle … New York : Oxford University Press, 1976. Là où les historiens détectaient traditionnellement un optimisme conquérant inspiré des Lumières, Bailyn voit une peur défensive de la conspiration et de l’emprise d’un pouvoir autoritaire. Pour John Franklin Jameson (1859-1937)[8], la guerre d'Indépendance ne constitue pas la principale caractéristique de la révolution américaine. Toute la population, des élites aux couches populaires, des centres urbains aux provinces éloignées, participe-t-elle au même titre à l’élaboration et à la réception de ces idées (Roche ; Darnton ; Hazen) ? Paine, Thomas. Historiographie de la révolution américaine, Les grandes phases de l'historiographie américaine, Les grands thèmes de l'historiographie de la révolution américaine. (dissertation). WebLa guerre d'Indépendance a développé chez les Américains un fort sentiment national. On ne conteste plus, par exemple, la place du religieux dans la pensée éthico-politique de Locke, qui à son tour exerça une certaine influence sur l’idéologie de la Révolution américaine (Kloppenberg 16 ; White 57). Comment ne rien laisser passer ? La France et les Amériques au temps de Jefferson et de Miranda. La troisième … Au moment de clore ce dossier, nous apprenons (signe d’une simple résurgence ou nouveau champ d’études ?) 13Certes Paine exprime sa solidarité avec l’humanité tout entière, et n’ignore ni l’Asie ni l’Afrique6.
Film De Coluche Le Maitre D'école, Mise En Accusation 13 Lettres,