LES DISPARUS DU DÉCOR, exposition Éric Pénard

La Ville d’Olonne-sur-mer, la médiathèque de La Jarrie et Petite Lanterne proposent dans le cadre d’un Mois du Film Noir
du 6 octobre au 15 novembre 2017, médiathèque de La Jarrie

LES DISPARUS DU DÉCOR
Exposition Eric Pénard

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VERNISSAGE LE 6 NOVEMBRE, avec une intervention musicale d’Olivier Jeudy et Jean-Jacques Vercher
Aff-ERICPENARD+FILMNOIRERIC PÉNARD N’EST PAS UN PLASTICIEN ABSTRAIT

Eric Pénard choisit un détail de décor dans un plan de film, il en réalise un croquis à l’encre noire, puis il le transforme en une œuvre graphique, rigoureusement recadrée. Dans le travail d’Eric Pénard, on ne trouve pas – ou presque, j’y reviendrai – de personnages, ni de paysages de nature. Tout y est noir, ou blanc. Pas de gris, pas de demi-teinte.

On pourrait dire, en première approche, que les tableaux d’Eric tendent vers l’abstraction. Qu’il s’agirait de tirer vers l’abstrait des choses éminemment concrètes, issues du décor des scènes de film choisies.

En réalité, il n’en est rien. Les objets représentés, traités par Eric Pénard, gardent une identité reconnaissable. Tout au plus, sont-ils « exagérés », comme transfigurés par l’emploi d’un contraste maximum.

Eric Pénard n’est pas un plasticien abstrait, il travaille la figuration en choisissant de façon mystérieuse les motifs qui l’inspirent. On peut imaginer qu’il prend son matériel et ses (deux) couleurs pour aller planter son chevalet… non pas dans la nature, face à une cathédrale ou un champ de tournesols, mais sur une scène de théâtre ou dans un studio de cinéma.

Bien installé face à la scène en train d’être jouée, Eric Pénard ignore les acteurs. Il se concentre sur telle partie du décor, qu’il représente avec la plus grande minutie, en accordant à ce détail plus ou moins insignifiant, une plus-value artistique certaine.

Eric Pénard est donc un « peintre sur le motif », à sa manière. Sauf que le motif sur lequel il travaille n’est pas immanent : il s’agit déjà d’une image de film, voulue par autrui, mais que l’artiste explore d’une manière qui n’avait certainement pas été prévue par le cinéaste.

Casablanca poisson

Dans la série « Casablanca », on trouve le dessin ci-dessus, qui constitue une preuve de la transfiguration figurative d’un détail anodin. Un motif (abstrait) du papier peint visible dans un décor du film de Michael Curtiz, devient, par l’art d’Eric Pénard, une sorte de poisson monstrueux et inquiétant…

C’est en découvrant le travail d’Eric Pénard que Petite Lanterne a eu l’envie de travailler sur le concept de Film Noir.

Par rapport aux préoccupations techniques et esthétiques qui règnent sur le tournage d’un film (surtout s’il se déroule en studio, comme c’est souvent le cas dans le monde du Film Noir), les œuvres d’Eric rappellent deux règles essentielles :

Tout d’abord, tout ce qui figure dans une image de cinéma a une importance capitale. rien ne doit être laissé au hasard, car le décor est aussi important que les acteurs dans un plan de cinéma. Le moindre objet, le motif d’un papier peint, la couleur d’un costume, une porte ouverte ou fermée, tout peut faire sens, et tirer la scène en cours dans une mauvaise direction, si l’on n’y prend pas garde.

Ensuite, lorsqu’on cadre un personnage, il faut faire extrêmement attention à tout ce qui environne l’acteur. Tout objet en arrière-plan peut interagir avec lui, et détourner complètement le sens de la scène.

Dans le Film Noir, plus encore peut-être que dans d’autres films, il faut examiner attentivement l’environnement choisi, car c’est une composante fondamentale de ce style de narration.

Pierre Laudijois, septembre 2017